Le nombre de structures de production de spectacles et de phonogrammes a explosé ces dix dernières années. Il s’agit, paradoxalement, d’une réponse spontanée au phénomène actuel de concentration des entreprises nationales et multinationales. Cette concentration a causé un tel déficit de débouchés pour nombre de projets musicaux que de ce fait, ceux-ci cherchent de plus en plus à s’appuyer sur le tissu de structures indépendantes qui émergent aujourd’hui partout sur les territoires.
Ces structures de production et de développement d‘artistes favorisent la découverte de nouveaux talents, et rendent possible l’insertion professionnelle des artistes. De fait, elles portent le développement économique des projets. Elles investissent et prennent des risques. Elles ont leurs spécificités, partagent des valeurs, des méthodes de travail. Elles assurent une fonction essentielle au sein de la filière musicale en la nourrissant de projets matures et structurés. Leur multitude représente une garantie pour la diversité artistique en France.
Pourtant cette multitude et cette diversité, la fragilité des structures, de leur modèle socio-économique, et le turn over qui en découle, rend leur appréhension complexe pour les pouvoirs publics, et leurs partenaires au sein même de la filière musicale. Face à aux situations similaires rencontrées aux quatre coins de l’hexagone, le travail réalisé depuis plusieurs années commencent à porter ces fruits. Il a permis d’amorcer une convergence de ces entreprises, autour du terme « développeurs d’artistes » notamment. En 2014, s’est déroulé à Nantes, un 1er séminaire national permettant à ceux-ci de se réunir, de se reconnaître et d’échanger sur les réalités concrètes rencontrées par chacun. Depuis, de nouveaux dispositifs ont vu le jour. Localement, régionalement, des réseaux se sont organisés, ou réorganisés. Des organisations professionnelles et institutions ont commencé à mieux identifier et prendre en compte les enjeux de ces acteurs.
Mais, la filière musicale continue d’évoluer à vitesse grand V. Les mutations techniques, sociétales ou économiques rencontrées sont puissantes, et vu du terrain, leur prise en compte doit absolument s’amplifier. Les cycles de production se raccourcissent. La concentration se renforce avec des entreprises, qui à travers leur groupe, contrôlent l’ensemble des principales fonctions de la filière. Dans ce contexte, ces microentreprises, que sont les structures de production et de développement d‘artistes, risquent l’asphyxie, alors que leur fonction est essentielle, que ce soit du point de vue de leur contribution à l’économie de la filière musicale, ou que ce soit du point de vue de la diversité culturelle.
C’est pourquoi, il nous apparait essentiel, de réunir aujourd’hui à nouveau, les structures de production et de développement d‘artistes, ainsi que l’ensemble de leurs partenaires – tous ceux qui se sentiront concernés par leur devenir, afin d’évaluer collectivement la situation, de trouver des solutions communes, en échangeant entre entrepreneurs, artistes, organisations professionnelles et institutions. Il s’agit bien sûr de toujours mieux expliciter, faire connaître et reconnaître le travail réalisé, tout en portant une parole collective de ces entrepreneurs créatifs et solidaires.